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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/131

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IDYLLE SAPHIQUE

cesse des vieilles légendes. Elle était belle comme le jour, mais, lorsqu’elle ouvrait la bouche, il en sortait des serpents, des crapauds et des grenouilles ainsi que toutes sortes de choses immondes…

Nhine ne put s’empêcher de rire au milieu de ses larmes.

— Pardonne-moi, Tesse chérie, mais ça me soulage, vrai ! Je ne sais pas ce qui me prend. Elle tordait ses mains convulsivement. Je ne t’ai pas fini…

En besoin de confidence elle lui raconta l’arrivée de Jane et la scène qui s’ensuivit.

— Ah ! j’y suis maintenant ! C’est ce quatrième acte qui t’a bouleversée. Ma Nhinette, je ne veux plus rien te dire puisque ça t’agace… Tu es libre, mais tout ça est mauvais, malsain, entends-tu ? À toi de t’en méfier. Dis donc, iras-tu au bal, demain ?… À ce bal d’artistes ?

Nhine hésita :

— Non ! hasarda-t-elle timidement.

— Tant mieux, ce sera une cohue, je crois, moi non plus.

Ernesta entrait, elle semblait gênée.

— Madame, c’est… Elle cherchait ses mots.

— Eh bien, quoi ? Nhine se leva et s’assit à sa toilette. Allons ! Qu’est-ce que c’est ?

— Madame, c’est une femme qui… elle est venue pour…

— Ah ! non ! J’en ai assez de ces visites inattendues, de ces mystères, pas, Tesse ? Elle se peignait