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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/134

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IDYLLE SAPHIQUE

chant que vous n’avez rien à souhaiter… c’est si délicat de se présenter ainsi chez une reine comme vous. J’ai pris un petit paquet bien attaché et je me suis annoncée comme dentellière, puis, j’ai parlé à part à votre femme de chambre. J’ai insisté, elle voulait me renvoyer ! Pensez donc ! Ce monsieur m’a promis cinq cents francs pour moi si je parvenais à voir Madame… même sans résultat, et deux mille francs si Madame venait. Il est riche comme un Crésus, c’est sûr ! Son portefeuille était bourré. Peut-être enrichirait-il vite Madame ! Un homme qui promet vingt-cinq mille francs comme cela ! Il les déposera d’avance entre mes mains… Des diamants, bien sûr… des perles grosses comme des noix… on en aura tout ce qu’on voudra. Il vous veut, il vous veut, il n’en démordait pas. Ah ! on n’est pas digne de manger du pain dans sa vieillesse si on refuse une telle chose : vingt-cinq mille francs pour une heure ou deux de l’après-midi… et des espoirs d’or… Elle arrangerait l’entrevue demain entre deux et quatre, elle savait que Madame n’était pas libre… Oh ! elle connaissait tout dans Paris — son air devenait entendu, sa voix obséquieuse — surtout quand il s’agissait d’une femme si en vue. Madame aimerait certainement mieux ça dans la journée. Ce serait plus vite fini… plus aisé…

— Qu’en penses-tu, Tesse, demanda Nhine ébranlée ?