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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/144

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IDYLLE SAPHIQUE

— Eh bien ! Tant pis !… et Nhine, au comble de la rage sortit en claquant brusquement la porte.

Ils restèrent là, tous les trois à se regarder, abasourdis, en stupéfaction.

— Je me demande ce qu’elle a… fit Henri hésitant, je vais vous quitter aussi.

— Mon ami, Annhine est hors d’elle en ce moment, vous allez l’outrer davantage, je vous conseille de la laisser tranquillement rentrer chez elle ce soir, toute seule… Elle réfléchira cette nuit et reviendra d’elle-même, elle est si bonne au fond. Moi, je m’abstiendrai aussi et je suis persuadée qu’elle m’arrivera avant vingt-quatre heures, au regret de cette petite scène due à la surexcitation de ses nerfs… Faites comme moi, croyez-moi, et puis soyez très patient, très doux. Elle souffre intérieurement en ce moment, elle a besoin de soins moraux, surtout, et pensez à notre petit voyage, nous l’enlèverons de force, un jour d’humeur douce.

— Oui, oui, dit Georges, Altesse a raison, elle connaît bien notre belle petite amie.

— Je ne la reconnais plus, moi ! Elle change, par moments je crois qu’elle me déteste,… et Henri se désolait.

— Mais non ! mais non !… Elle me confie tout à moi et je sais le contraire. Mais, voyez-vous, cette enfant a trop lu, elle réfléchit trop et a le malheur de tout analyser, d’où cette amertume qu’elle refoule tant qu’elle peut en elle-même, très au fond, et un beau