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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/157

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IDYLLE SAPHIQUE

— Madame, ce sont les costumes que je voudrais faire voir.

Elles se regardèrent, interdites.

Flossie dit :

— Mais oui, c’est pour ce soir, habillons-nous déjà, veux-tu ?… nous oublierons. Allons au bal.

— Je n’en ai guère envie !

— Nhine, si, nous oublierons ! Que les mauvaises actions des autres ne nous touchent donc pas, — un éclair de défi illumina ses traits ; hautaine, elle se redressait. — Allons, fières de nous-mêmes et invincibles, parmi cette foule d’ennemis et d’ignorants ! Va ! nous serons toujours des incomprises. Foulons tout à nos pieds, et appuyons-nous sur la sublimité de notre douce union — Allons au bal, rions, dansons, vivons de notre rêve !…

— Tu le veux ?

— Je le veux, et toi aussi, ma Nhine, il faut vouloir. Vouloir, tout est là !

— Tu as raison, ah ! soutiens-moi comme ça, Flossie, toujours !

— Ah ! quand je te vois ainsi à moi, je sens en mon cœur quelque chose d’inconnu, une force, capable de descendre plus bas que le dernier abîme et de remonter plus loin que la dernière limite des lointaines étoiles, et je nargue l’humanité ! Je voudrais te faire t’aimer comme je t’aime !

— Mignonne, je suis brisée… tes mots me font du