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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/168

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IDYLLE SAPHIQUE

— Ah ! ah ! ricanait le marquis ! pas mal, pas mal, l’abbé !

— En cela…

— De mieux en mieux !

— Et puis encore…

— Ah ! tu m’en diras tant !… Dis donc, tu m’inviteras à ce concours, j’amènerai mes pages !

— Non, non, nous deux seuls, pas besoin de recrues.

— Bête ! tu ne comprends pas ?…

— Ah ! oui ! très bien, saisi…

— L’abbé ! tu me surpasses !

Et ils riaient tous deux.

— Chérie, soupira Flossie, je veux de l’anisette rose dans l’enivrante coupe qui me grise si délicieusement !

Elle burent ainsi et fumèrent de même un nombre infini de cigarettes en disant mille folies toujours dans la même note…

— La tête me tourne, dit Nhine… il était tard lorsqu’on s’est mis à table. Elvire ! Ernesta ! l’heure ?… Allons ! il est temps de partir… Donnez-nous nos masques, nos manteaux.

Elles s’enveloppèrent après avoir parachevé leur toilette et s’en allèrent continuant leur petite comédie, jusque dans le coupé.

Lorsqu’elles arrivèrent rue Rouget-de-l’Isle, le passage était encombré d’une interminable file de voitures qui s’en revenaient à vide, tandis que