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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/187

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IDYLLE SAPHIQUE

— Oui, c’est bien cela… et il hochait la tête, surmenage, nervosisme aigu et surexcité. Ah ! j’aimerais bien mieux une jambe cassée ! Tous les organes sont sains. Partez très vite, croyez-moi. D’ici vingt-quatre heures elle sera en état, si rien ne vient compliquer les choses d’ici là. Allez loin et revenez ici le plus tard possible. Repos, calme, hygiène, un peu de distraction. Le moins possible de lecture ou de correspondance, de la marche, repos de tête et exercices de corps… cela passera comme c’est venu, lentement mais sûrement. Vous n’avez rien, mon enfant, et cependant c’est pis que tout. Il faut faire attention, je préfère ne rien vous cacher, vous n’en reviendrez que si vous le voulez.

En s’en allant il répéta les mêmes choses :

— Elle est atteinte, et même assez gravement, mais sa jeunesse la sauvera, aidée de vos bons soins. Agissez vite… voici un mot, une sorte de certificat pour la Préfecture, en cas d’appel. Ah ! quelle malheureuse affaire ! Tout Paris en est plein, on ne parle que de ça !… Tenez les volets fermés afin qu’on la croie déjà absente, cela lui épargnera mille formalités, ennuyeuses et nuisibles. Il faut qu’elle se laisse vivre afin de ne pas en mourir, mais elle ne sera jamais bien solide, la tête épuise toute sa vitalité. Enfin ! elle est entre de bonnes mains, elle se ranimera vite.

— Nous allons faire les malles, Nhinette, aujourd’hui même… dit Altesse revenant près d’elle.