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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/209

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IDYLLE SAPHIQUE

payée deux cents francs !… Ris donc, Tesse ! Deux cents francs, ton amie Annhine de Lys, c’est pas flatteur ! J’aurais préféré le payer moi-même !

— Non, c’est très bien, c’est très amusant, dit Tesse, je t’assure, ne t’en formalise pas, au fond, ça ne vaut pas plus ce que tu lui as donné, toi !…

— Ça ne vaut pas ça !…

— Pour lui c’est beaucoup, sans doute.

— Ce que nous appelons l’Amour ne vaut rien ?

— Ou bien cela vaut tout !

— C’est selon le sentiment qui nous fait agir.

— Je déplore sa générosité, dit Annhine, elle vulgarise encore plus mon caprice.

— Nhinette, toi qui as tout ce que tu peux désirer, ce matin tu t’es vendue pour deux cents francs !

— N’en parlons plus… j’ai honte !…

— Il ne faut avoir honte de rien.

— Je vais laver mes souillures, Tesse… à tout à l’heure… emballons !