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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/224

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IDYLLE SAPHIQUE

Elle l’appela doucement :

— Tesse !

Altesse tressaillit et dit d’une voix blanche :

— Quoi ?

— Veux-tu ?…

— Quoi ?

— Partir ?

— Où ?… Être ici ou ailleurs !…

— Non ! partir… rentrer… là !

— Là ?

— Là ! tu sais bien,  !… Chez nous !

— Ah ! oui… si tu le veux, Nhinon, si tu le veux et si cela doit te faire du bien. Quant à moi !… elle esquissa un grand geste d’indifférence.

— Oh ! moi, tu sais !… et Annhine feignait un complet détachement. Rien ne m’y attire, mais c’est pour toi… je crois qu’il te sera salutaire de rentrer… tu as un vide dans ta vie et tu le sens douloureusement, c’est indiscutable… à Paris, il me semble que tu le combleras plus facilement qu’en ces passées rapides parmi ces pays étincelants d’ardeurs vibrantes et épanouies !

Altesse eût un mouvement de tête triste et négatif, puis elle reprit, voulant bien se laisser convaincre :

— Tu crois ? Comme tu voudras ! Mais nos amis, nos nouvelles conquêtes ?…

— C’est très bien de laisser des regrets derrière soi ; moi, je m’en irai sans peine, et toi ?