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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/247

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IDYLLE SAPHIQUE

adore, à qui l’on se sacrifie, à qui l’on donne son âme et tout son être et qui brisent impitoyablement le cœur qui s’est voué à eux ». Elle soupirait très fort et songeait à Max de Gastier. Celui-là l’avait vite oubliée : un mot de tristesse, d’adieu laconique ; l’envoi banal d’une broche, quelconque et très chère, comme prix de son amour… Encore un qui l’avait mal comprise ! Elle lui en voulut d’avoir si vite accepté leur séparation, elle se crut très malheureuse et pleura amèrement, puis chercha à se consoler… c’est cela… à son tour de faire souffrir les autres… cela la vengerait ! De Flossie on n’en parlait plus, jamais elle n’y pensait. Une fois, rue Royale, elle avait bien cru apercevoir une chevelure d’un blond très pâle… alors elle s’était penchée en dehors du coupé, puis s’était rassise, en poursuivant une autre idée… Non… sa pensée allait toute vers Arcachon, vers Max. Cette étreinte passionnée s’était dénouée brusquement, d’une façon si soudaine ! Il lui fallait quelque chose de nouveau qui l’intéressât ailleurs.

Un matin qu’elle longeait les Acacias, Tesse lui présenta un tout jeune homme, Maurice de Sommières. Annhine le regarda en-dessous, puis, le trouvant gentil, elle lui permit de se joindre à elles. Ils causèrent de choses banales que l’affabilité de Nhine et le charmant tour d’esprit de Maurice transformèrent en d’exquises coquetteries. Ils se plurent de suite et n’essayèrent pas de le cacher. Il était