Aller au contenu

Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/251

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
241
IDYLLE SAPHIQUE

dant ce court instant d’inattention, la croupe de son cheval heurta violemment contre un phaéton qui arrivait sur lui à toute vitesse. L’animal se cabra et reçut une poussée qui le fit fléchir des deux genoux. Maurice le retint avec force et le dirigea vivement du côté gauche. L’attelage fuyant à fond de train, il était de nouveau seul. Après s’être assuré d’un coup d’œil que son cheval n’avait rien de grave, il revint près d’Annhine qui avait suivi avec une visible émotion le léger accident. Elle était encore toute pâle, appuyée contre un arbre. Elle essaya de rire, mais ses lèvres tremblaient, elle ne put dire un mot.

— Ça me fait un plaisir fou que vous ayez eu peur, dit-il en passant.

Elle se redressa, taquine :

— C’est par humanité, pour le cheval, lui lança-t-elle, à demain, grand maladroit !

Elle remonta dans son coupé. Elle en oubliait sa Princesse. Maurice courut vers la voiture en criant :

— Votre petit chien ! Votre petit chien !

Elle se frappa le front et sonna. Le cocher arrêta.

Elle ouvrit la portière et appela Princesse :

— C’est la première fois que je l’oublie, et c’est de votre faute…

Elle s’éloignait, s’occupant de sa chérie, de sa mignonne, de sa fifille… Ah ! oui, elle demandait pardon ! Pauvre Lolotte ! on l’avait oubliée… dans le Bois… sous la neige ! comme un petit chien de pauvre… de vagabond ! Oh ! jamais