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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/268

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IDYLLE SAPHIQUE

vite, se soustrayant aux embrassements de son aimée, car pour lui l’heure se dessinait, menaçante. Par hasard et par bonheur, sa fuite habilement préparée avait passé inaperçue ; aussi avec quelle joie en fit-il part à sa maîtresse, le soir vers cinq heures, en une allée déserte du Bois où il avait coutume de la rencontrer parfois. Ils projetèrent d’autres bonheurs très prochains et passaient, se souriant gentiment, attendris encore, très las, lorsque tout à coup Annhine eût un mouvement brusque qui la rapprocha de Maurice.

— Quoi donc ?… Quoi ?… murmura-t-il, inquiet.

Elle se remettait déjà :

— Rien, dit-elle, un frisson, rentrons, je vais encore me reposer. Je ferme ma porte à tous, sauf à toi, mon amour. Viens quand tu peux, je t’aime et je t’attends.

Il la remit en voiture.

— C’est elle, c’est bien elle cette fois, pensait Nhine en s’en retournant le long de l’avenue, je l’ai bien reconnue, dissimulée derrière les arbres. Comme elle m’a regardée !… ses yeux me disaient mille choses, de doux reproches à peine osés, des espoirs fous… Ah ! non !… je suis forte maintenant, elle ne m’attirera plus, fini nous deux, miss Flossie, malgré notre douceur, malgré tout ce qui me séduit en vous…

Cette rencontre l’avait tout de même impressionnée, car elle y songea toute la soirée. Vers dix heures,