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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/28

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IDYLLE SAPHIQUE

jonchée radieuse et parfumée. Rougissante et confuse, elle murmura très vite sans lever les yeux.

— Merci, Annhine, d’être si bonne… Je ne me suis pas trompée en te voyant si belle… Oh ! je ne veux rien te dire de banal, mais, vois-tu, je suis en un éblouissement tel que je ne puis même trouver le cantique d’action de grâces que je voudrais, pour te remercier avec ferveur de m’avoir admise auprès de toi… Merci !…

— Mais, bizarre enfant, et Altesse réprimait à grand peine une terrible envie de rire, sais-tu bien qui je suis ?

— Tu es celle qui a su m’attirer entre toutes !

— Où m’as-tu vue ?

— Je pourrais te répondre ceci : dans mes rêves, dans l’extase de mes désirs exaspérés… depuis que j’ai connu que tu existais !

— Et depuis quand le sais-tu ?

— Depuis toujours ! Mais ta présence réelle s’est manifestée à moi pour la première fois l’autre soir… Tu étais dans une loge aux Folies-Bergère et je t’ai reconnue… devinée de suite, quoique ne t’ayant jamais vue auparavant, et que tes petites images que l’on vend dans l’univers ne donnent aucune idée de ta divine beauté, my beautiful white rose[1]. Tu m’es apparue si belle, si lumineusement blanche dans ta robe de claire mousseline, avec des perles à ton cou… tu m’as semblé si enfant, si pure… tu

  1. Ma belle rose blanche.