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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/290

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XXII

Le lendemain elle s’éveilla très lasse, les reins vidés, les yeux lents ; un grand calme régnait en elle, mais ses idées étaient obscures, comme inachevées. Elle ne parla de rien, n’interrogea même pas sa femme de chambre, tout lui était indifférent, sans intérêt. Elle se leva, distraite et fût très longue à sa toilette. Un rêve la surprit presque dans sa baignoire. Ernesta dût à plusieurs reprises lui faire remarquer que l’heure s’avançait. Elle sursauta. Puis, elle se posta devant sa glace et se regarda toute nue, non ainsi que vous pourriez le croire, en de jolies poses cherchées, connues et souvent célébrées. Parfois Annhine s’amusait à ce jeu ; tantôt elle éloignait les bras aussi loin que possible devant elle, réunissant les paumes de ses mains en un allongement de toute sa personne et semblait s’élancer en criant joyeusement : la Baigneuse !… ou bien encore, en un gracieux mouvement de reins, elle courbait son corps et écrasait ses doigts écartés sur sa bouche tendue,