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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/316

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IDYLLE SAPHIQUE

l’instinct maternel en horreur, je préfère me choisir les êtres qui me seront chers que de laisser ce soin au hasard ou à cette Toute-Puissance si maladroite : la Nature !

« Il est rare qu’une chose préférée soit à la fois possible et profitable, aussi lorsque ce phénomène est dans l’atteinte facile de trois personnes, il faut qu’elles se hâtent de l’exécuter. Donc, si l’accomplissement de tes convoitises t’est toujours cher, câble-moi et arrive aussitôt que possible pour me donner mon indépendance. Nous annoncerons notre mariage pour la fin du mois. Les mauvaises langues diront, mais qu’importe !… on me connaît déjà pour une excentrique, mon union avec toi sera une de mes plus sages fantaisies, voilà tout. Du reste, tes millions les feront taire, on ne manque pas de respect aux riches ! Viens, et aussi vite que possible, car Annhine est malade d’âme et de corps, et elle a un très grand besoin de changement. Laisse-moi te dire encore que si tu m’épouses tu feras peut-être la plus grande bêtise de ta vie, mais elle ne sera pas irréparable, parce que le jour où tu trouverais une autre femme que tu pourrais aimer et qui t’offrirait les joies — s’il en est — d’un foyer domestique et de la vie de famille qui te disent peu aujourd’hui, je te rendrais la liberté que tu me donnes et, en plus du divorce, tu recevrais ma bénédiction, car, au fond, je te désire heureux ! Si tu ne l’es pas avec nous, ce sera avec une autre de qui tu recevras plus que de ton amie Flossie, peut-être moins, s’il faut te croire lorsque tu dis que pour la possession de toutes les femmes de la terre tu ne renoncerais pas à une seule de mes caresses d’âme !… Viens, et tout ce qu’il y a