Aller au contenu

Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/339

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
329
IDYLLE SAPHIQUE

ble !… Une expression dure, mauvaise, la crispa… son fiacre ?… ah ! oui, le voilà ! le même, sale, crotté, le vieux cheval harassé, le cocher… et elle, en religieuse !… quelle ironie cruelle !… Vite elle ferma la portière en criant :

— Allez bien loin ! où vous voudrez !… — et comme il s’entêtait à l’interroger, — allez où vous m’avez prise !

Les mêmes rues… les mêmes choses… et Nhine enfuie !… Finie la vie !… finie la joie !… finie l’Idylle !… finis tous leurs jolis espoirs !…

Elle déchira la dépêche de Will en mille morceaux qui s’éparpillèrent au dehors, rendus au néant ainsi que leurs désirs… Pas un sanglot, pas une plainte ! rien !…

Elle se sentait devenir féroce, se pencha et dit très haut afin que le cocher l’entendit bien : Allez à la grande poste !

Une fois rue du Louvre, le brave automédon eut un étonnement de stupéfaction sans pareil, quand au lieu de la jeune et timide Sœur des pauvres qu’il véhiculait depuis des heures à travers Paris, il vit sortir de sa voiture une petite Miss, très rouge, les cheveux au vent, sous le canotier crânement posé.

Il ne put contenir une exclamation de surprise.

Inattentive à son ahurissement, Flossie le paya et lui remit un paquet qu’il devait reporter au boulevard Sébastopol.