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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/96

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IDYLLE SAPHIQUE

Qu’elles me sont douces et que ferais-je si tu me les refusais ! Mais il y a cependant quelque chose qui m’est encore plus cher. C’est toi-même, ton plaisir, ton bonheur ! Comprends-moi bien. Tu ne sais pas ce que tu es pour moi ! Le mot tout exprime trop peu.

Elle entraînait Annhine vers sa chambre, la faisait asseoir sur le large lit, lui retirait ses bas, baisait ses pieds et la dévêtait toute.

— Te voir, te soigner, apprendre à te servir, à t’aimer ! De près, de loin, ainsi que tu le voudras… toujours… infiniment, absolument et plus encore ! Être le roseau sur lequel tu t’appuierais, l’esclave à laquelle tu sourirais, pleurer de tes peines, rire de tes joies ! Voilà mon but, ma destinée, mon bonheur désormais…

Elle lui parlait, en un susurrement très doux, très lent. Nhine l’écoutait, grisée, n’en pouvant plus. Elle se vit nue sous les doigts et les regards frôleurs de l’enfant.

— Ah ! que fais-tu ? dit-elle… Non, Flossie, ne profite pas d’un moment où le sentiment irréel et vague d’une étrange terreur me pousserait dans tes bras. Couche-moi, endors-moi.

Flossie revint à elle :

— Oui… oui… tu as raison, je m’égare… je ne veux te devoir qu’à toi-même, tiens…

Dans une enveloppe de satin rose et parfumée, elle saisit la chemise de Nhine et l’en couvrit. Alors