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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/98

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VI

En son premier éveil, Nhinon ouvrait les yeux, ne se ressouvenant de rien, les idées confuses ; elle les referma vite, soupira, s’étira doucement en une voluptueuse fatigue d’avoir trop bien dormi… un contact inattendu la réveilla. Elle sentait quelque chose qui emprisonnait son doigt… on eût dit une bague… un oubli sans doute… c’était drôle, d’ordinaire elle les retirait toutes, le soir, avant de se coucher. Tant pis, elle était trop lasse, peut-être pourrait-elle encore se rendormir. En se retournant dans la vaste couche elle eut la sensation de quelque chose qui la piquait, là, sous le flot bleu de ciel du ruban, juste au-dessus du sein droit. Elle y porta la main, vaguement, c’était là, oui, elle se redressa brusquement, rouvrit ses yeux très grands, pour de bon cette fois… un cri de joie lui échappa.

— Ma sauterelle ! mon capillaire !… Ah ! quelle est la fée qui a ainsi exaucé mon désir, tandis que je dormais ?…