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Page:Pour lire en traîneau - nouvelles entraînantes.pdf/230

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bonne qu’elle sera Bayle, elle jouira avec moi d’un parfait bonheur jusqu’à la fin de nos jours… »

Hélas ! Raymond Bayle ne recueillit l’autre dimanche qu’un nombre infime de voix. Et pour comble, aucun électeur cossu ne se présenta pour être son beau-père. Candidat au mariage et à la députation, il échoua doublement… Il ne faut pas courir deux lièvres à la fois.

Paris a eu, le 6 mai, un candidat-poète dans le 6e arrondissement. Et quel poète que le poète Bonnery ! En voilà un qui ne peut pas dire « mon vers n’est pas grand ». Vous allez en juger tout à l’heure.

Le poète Bonnery se présentait comme candidat de la « régie égalitaire ». S’adressant aux seuls intellectuels, il refusait d’être élu « par des voies antiques et retardatives ».

« Je ne suis, disait-il, ni nationaliste, ni internationaliste, je suis intermondial. »

Après avoir annoncé qu’il allait faire paraître « une nouvelle planète qui éclairera les morphinomanes du pendule Jérusalem, et qui fera descendre dans l’ombre des nuits le reste des antiques croisades », il terminait son affiche par ces quelques « vers » :

Ah ! peuple, il te faut la justice dans la régie.
Et il nous faut la Mort ou la Liberté dans la vie.
Le poignard à la main nous couperons les épines qui empêchent l’égalité.
Et vos enfants, un beau jour, cueilleront les roses sur cette route d’égalité.
Allons ! que tous ces dieux noirs, on les f… à la marmite,
Sans distinction de couleur, même les Barnabites.