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Mais, qui donc oserait jurer que, même aux siècles révolus, il n’y eut jamais, le soir, que des amoureux, roucoulant les stances de l’éternel duo dans les angles sombres et propices de la rue du Grenier-sur-l’Eau ?

Pas moi à coup sûr, avec ma vieille expérience d’ancien noctambule, retiré de la circulation depuis le triomphe énervant de l’automobilisme !

En effet, il faut bien reconnaître que MM. les Apaches, tout comme les Montmorency ou les Cussé-Brissac, ne manquent pas d’aïeux.

C’est peut être bien les exigences, parfois pénibles de leur métier, qui veulent que, eux aussi, descendent des croisées !

Et d’ailleurs comme origine et comme honorabilité toutes les noblesses se valent et n’est-ce pas Proudhon qui a dit :

La propriété c’est le vol !

Mais je poursuis, sans vouloir m’attarder à ces constatations philosophiques pour déclarer tout net que je ne me serais pas promené tout seul dans la très courte rue du Grenier-sur-l’Eau à deux heures du matin et même à minuit, dans la crainte d’y rencontrer des Apaches, plutôt qu’un couple de tourtereaux en mal d’amour !

Les Apaches ont toujours recherché l’ombre protectrice des Églises — qui se ressemble s’assemble — et dépouiller le pante ou dépouiller la poire est toujours kif-kif pour ces Messieurs, comme disait mon vieil ami Sarcey. La forme seule diffère ; tout consiste à ne pas faire crier