Page:Pour lire en traîneau - nouvelles entraînantes.pdf/410

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 380 —

« Je fis connaître alors que j’accepterai non seulement avec résignation, mais avec toute la joie possible, une mesure qui me sortirait d’un guêpier.

« Un mois après, je reçus de M. le Ministre de l’Intérieur un arrêté qui m’appelait à la direction de la prison de la Santé.

« Cette décision n’avait pas été provoquée par l’administration pénitentiaire de Paris avec laquelle je collaborais depuis de si longues années. Elle venait d’autre part et de plus haut.

« L’Empereur qui, pour s’emparer du pouvoir, n’avait pas craint d’user des moyens les plus violents, avait cependant cette particularité d’être très sensible aux plaintes insérées dans les journaux par les détenus politiques.

« Il se souvenait qu’il avait été lui-même prisonnier, il recommandait qu’on adoucît autant que possible la situation des détenus politiques pour lui éviter des récriminations qui lui étaient pénibles.

« Il fallait donc essayer d’un autre directeur et donner satisfaction aux condamnés politiques en leur ôtant ce terrible fonctionnaire qui n’avait pour défaut que d’être trop débonnaire ; mais on n’a pas changé les choses, on a seulement donné à un autre titulaire la charge dont le premier avait hâte de se débarrasser.

« Cet essai a peu réussi, car les récriminations ont recommencé de plus belle, et plus vives, ainsi