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Ceci dit, voici :


LE CAPITAINE MERLUCHON

Avez-vous vu mon capitaine,
Le capitaine Merluchon ?
En hiver, il porte mitaine.
Bonnet de soie et bas de laine,
Caleçon, tricot et manchon !

Que de fois j’étais en patrouille,
À la pluie, à la neige, au vent !
Lui, cette face de citrouille,
Qui me prend pour une grenouille,
Ronflait derrière un paravent.

Comme il est fier quand la mitraille
Gronde et pleut sur notre Paris !
Sans s’effrayer du sort qui raille,
Il voudrait posséder la taille
D’un rat ou bien d’une souris.

Mais qu’il est beau quand la victoire
A jonché de fleurs nos soldats !
Allons, amis, couverts de gloire,
Volons au temple de Mémoire
Immortaliser nos combats !

Avant de quitter la bataille,
Imitez le grand Merluchon :
Quand on a bravé la mitraille
Il faut bien faire un peu ripaille !
Qu’on fasse sauter le bouchon !


1er  avril 1863
Théodore Vibert.


Je n’ai rien à ajouter à ces vers paternels, crayonnés dans un moment de mauvaise humeur goguenarde mais qui, dans leur forme bon enfant,