Page:Pour lire en traîneau - nouvelles entraînantes.pdf/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 29 —

Et voilà comment tous les mondes, le grand et le demi, passaient et repassaient à la gare Saint-Lazare. Mais c’est l’histoire de la ligne de l’Ouest de Paris à Mantes qu’il me faudrait écrire alors. Je le ferai peut-être un jour, montrant ainsi tous les dessous anecdotiques et secrets de la politique sous le second Empire. Mais, aujourd’hui, je veux m’en tenir à la seule vieille gare Saint-Lazare, dont le père Thiers et Guizot, dès la première heure, étaient aussi des familiers.

En bas, dans la cour, au coin des rues Saint-Lazare et d’Amsterdam, se trouvait un café Durand, très achalandé, où tous les habitués allaient prendre leur apéritif, — ce qui était moins à la mode qu’aujourd’hui et n’en valait pas plus mal, — Nadar y venait au lendemain de la guerre prendre son absinthe tous les jours régulièrement. Et comme aujourd’hui ce superbe macrobite est toujours jeune et solide là-bas, sur la Canebière, il semble que les apéritifs ne lui ont jamais fait de mal ; toute la question est de savoir en user avec modération, et c’était le cas de ce brave Nadar, qui a su jeter un si vif éclat sur la photographie et l’aérostation… sans oublier le domaine des lettres !

Lorsqu’à une reprise de la Vie parisienne, aux Variétés, il y a quelques années, je revis la salle de la vieille gare Saint-Lazare d’antan, si vivante et si vraie dans tous ses détails et dans son exacte reconstitution, je ne m’en cache pas, j’en fus ému jusqu’aux larmes. C’était comme toute ma jeu-