sonier revenait de prendre une leçon d’équitation, botté et une cravache à la main, sur le coup de cinq heures du soir, il fit, en manière de plaisanterie, sauter tous les journaux de la pauvre vieille à coups de cravache, en criant :
— Eh, la vieille, combien vos feuilles de choux ?
Les journaux s’éparpillèrent à travers la salle ; la pauvre bonne femme pleurait et le jeune Meissonier se tordait de rire. Mais le public lui fit un mauvais parti, et séance tenante on le força à donner un louis d’indemnité à la marchande, qui fut vite consolée !
On parla longtemps de l’aventure sur la ligne, entre Paris et Mantes, où tout le monde en connaissait les héros, au moins de vue.
Du reste la ligne était fréquentée à cette époque par des gens chics : le comte de Talleyrand à Verneuil, le comte Daru à Bécheville, dans le bois de Verneuil ; le marquis de Marochetti, le grand sculpteur, à Vaux ; Baroche, premier ministre à Juziers, près Meulan ; de hauts magistrats comme les Hély d’Oissel, etc., à Poissy, à Hardricourt, recevaient beaucoup, et c’était un va-et-vient d’invités avec leurs domestiques, tous les jours à la gare Saint-Lazare.
Auprès de Poissy, Rachel et toutes ses sœurs et toute sa famille vivaient chez le jeune marquis de La L… Et plus tard enfin, Sary, le fameux directeur des Folies-Bergère, menait joyeuse vie à Vaux, emmenant des troupes entières d’artistes du sexe faible tous les samedis à la gare de Triel…