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100.000 par jour, avec tout près d’un millier de trains, et bien près de 500.000 les jours de fêtes. Il faut avouer que ce sont là vraiment de beaux chiffres et qu’aucune capitale jusqu’à ce jour n’a encore pu atteindre.

Et puis cette gare Saint-Lazare, je l’aime non seulement parce que je l’ai connue tout enfant, dans toutes ses transformations, mais encore parce qu’en ma qualité de vieux colonial j’y vois comme l’antichambre du Nouveau-Monde.

C’est une porte ouverte sur la mer, sur l’infini des horizons mouvants, sur les pays neufs ; et si j’avais le pouvoir, amis lecteurs, de narrer les mémoires des émigrants de toutes nationalités qui ont passé par la gare Saint-Lazare, ce n’est pas un volume, mais cent volumes qu’il me faudrait écrire, et ce serait l’histoire même, émouvante et vécue, de l’évolution de l’humanité toute entière depuis plus d’un demi-siècle.

C’est ainsi que tout s’enchaîne sur la terre et qu’en parlant de la gare Saint-Lazare me voilà ramené invinciblement au plus hautes préoccupations économiques et historiques de ce siècle naissant.

Ce sera pour une prochaine fois, et aujourd’hui je me contente de ce souvenir ému, de ce salut attendri à ma vieille gare Saint-Lazare, qui fait comme partie du mobilier familier de mon enfance et de ma jeunesse ! et c’est assez pour le cœur d’un vieux Parisien.