Page:Pourtalès - Deux Contes de fées pour les grandes personnes.djvu/106

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bout du monde quand on gagne si aisément sa vie à Paris ? Elle reprend ses calculs tous les soirs ; les quinze francs de sa quête y ont passé déjà. Pourtant elle consent à donner toujours et les sous s’en vont par petits paquets.

Alors Alphonse se met à téléphoner. Il téléphone de partout : de Pékin, de Moscou, de Tombouctou… et c’est M. Joseph qui répond à l’appareil. Marie est trop petite.

— Qu’est-ce qu’il dit ?

— Il dit qu’il ne tardera pas à revenir.

Cette certitude du revoir est aussi forte que sa foi en Dieu.

Cela dura plusieurs mois.

Un jour, elle est dans la chambre où Suzon écrit, — où Suzon rit toute seule en écrivant une lettre, — une belle jeune dame entre avec des cartons, et Suzon pose sa plume et ouvre ces cartons qui renferment des chapeaux. Elle les essaye les uns après les autres devant la glace. Et la naine se glisse vers la table, doucement, inaperçue. Elle tire un peu la lettre encore humide que Suzon