Page:Pourtalès - Deux Contes de fées pour les grandes personnes.djvu/16

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à-dire l’âge d’écrire, de lire et de compter, c’est-à-dire l’âge de gagner sa vie, c’est-à-dire l’âge de douze ans environ, entra comme sous-comptable dans le bureau qui employait son père et y vécut heureux jusque vers sa vingtième année. Mais, comme il était grandement curieux des choses de l’esprit, il se mit à étudier en cachette derrière le dos d’un gros scribe. C’est ainsi qu’il lut les Pourânas et la Bible, qui suffirent pendant son adolescence à l’avidité de son âme. Puis, un beau jour, avec quelques roupies soigneusement amassées, il se procura les traductions en langue anglaise des philosophes grecs et latins. Après tant d’années passées à explorer l’ardue métaphysique des Pourânas et les cimes ténébreuses de l’Ancien Testament, il parut au jeune homme qu’il entrait dans un délicieux jardin, ordonné avec un goût sûr et précis par des jardiniers honnêtes, un jardin clair, aéré, orné de peu de fleurs, mais qu’il eut envie de cueillir toutes et d’enfermer joyeusement dans le silence de son cœur. Ce fut une grande époque de trouble et de bonheur. Il lui arrivait bien parfois