Page:Pourtalès - Deux Contes de fées pour les grandes personnes.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

encore de rêver aux béatitudes de l’apavarga ou du nirvriti, ces extases qui le ravissaient autrefois et lui donnaient un avant-goût de la félicité suprême, qui est — comme chacun sait — la délivrance finale par la réabsorption dans l’âme universelle ; il lui arrivait aussi de songer aux grondements d’Isaïe, aux promesses d’Ézéchiel, aux richesses de Job, « l’homme le plus haut de l’Orient », et il regrettait d’aimer moins ces poèmes qui avaient été jusque-là comme une lumière devant lui. Mais le sage ne dispute pas avec sa raison. Gualtero goûtait un amer plaisir à se satisfaire de morale humaine.

Il choisit donc ses nouveaux maîtres et s’attacha aux stoïciens, dont la fière doctrine lui parut convenir mieux qu’une autre à son propre caractère. Il devint, dès ce jour, un disciple d’Épictète.

Entrant dans la chambre où son père et sa mère mangeaient leur plat de riz quotidien, en agaçant, pour se distraire, leur serpent cobra favori, Gualtero leur dit : « Mes chers parents, vous m’avez appris à être honnête et véridique ;