Page:Pourtalès - Deux Contes de fées pour les grandes personnes.djvu/21

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Gualtero mit à une forte épreuve son âme stoïcienne. Mais il ne faiblit pas, ne rendit que son cœur aux abîmes et arriva sans autre dommage à Port-Saïd.

« Oh ! oh ! » s’écria-t-il comme tant de pélerins illustres en apercevant la grande mer classique qui avait oublié d’être bleue ce jour-là, car il pleuvait. Le bateau ne s’arrêta guère et partit pour Naples où il ancra par un temps radieux. Mais Gualtero avait cuit sous bien d’autres soleils et aucune des beautés du Golfe ne surpassait — soyons vrais — n’égalait l’image qu’il s’en était faite. Comme il voyageait pour étudier les hommes et non des paysages, il se décida enfin à débarquer et vit des Napolitains. L’espèce lui sembla bruyante, joyeuse, disputeuse et mercantile. On voulut lui vendre du corail, des peignes en écaille, des éponges, des chansons, et on lui proposa des demoiselles. Grâce aux langues anglaise et portugaise mélangées, il put se faire entendre en un napolitain honorable et, selon la coutume de son pays, entra poliment en conversation avec chacun, assura qu’il ne saurait quoi faire d’un peigne