Page:Pourtalès - Deux Contes de fées pour les grandes personnes.djvu/31

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en s’adressant aux arbres, aux moineaux et aux petits enfants qui jouaient à faire des pâtés de sable : « Mes amis, je suis venu du fond de l’Inde pour vous apporter le fruit de mes méditations. Mes amis, on vous trompe, on vous leurre de faux espoirs, on abuse de votre crédulité. La vraie, l’unique vérité, mes amis, elle est autour de vous, elle est en vous, elle nous baigne tous de sa douce lumière, et c’est la très antique, la très haute, la très pure doctrine des philosophes de l’école de Zénon. » Quelques passants s’arrêtèrent bientôt, puis d’autres, puis il en partit, puis il en revint et Gualtero goûta de prestigieuses ivresses. Pas un contradicteur. Rien que de bonnes figures attentives, un petit cercle qui s’étendait, se disloquait, se reformait. Au premier rang un vieillard immobile, coiffé d’un chapeau de soie. Quelquefois le philosophe jetait un regard vers les harangueurs voisins et, s’il voyait son public plus nombreux, un méchant orgueil le soulevait, rendait sa parole plus sonore et comme provocante. Il commença de s’enrouer vers la quatrième heure et s’ajourna au dimanche suivant.