Page:Pourtalès - Deux Contes de fées pour les grandes personnes.djvu/32

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Sa vie, dès lors, fut transformée. Ses méditations, du fait même de leur hebdomadaire divulgation, en devinrent plus profondes et comme plus joyeuses. D’autres comptaient sur lui peut-être, attendaient ces dimanches ! Ce petit vieux au chapeau de soie, par exemple, quel encouragement ! Et les dimanches se succédèrent… Il apportait ses livres, y prenait des textes, les développait, les commentait. Il était arrivé à une telle dextérité de pensée qu’il lui suffisait d’un lambeau de phrase pour s’aventurer dans les plus hardies spéculations de l’esprit. Il était estimé par les gardiens du parc, qui lui jetaient un petit salut en passant. Il invita le fabricant de parapluies à venir l’entendre, et le fabricant apparut, en effet, un matin, avant d’assister à un match de foot-ball.

Et voilà que d’autres années encore s’écoulèrent dans cette noble fièvre. Cependant, en certains mauvais jours, un lâche sentiment de solitude gagnait le philosophe. Quels disciples pouvait-il se vanter d’avoir formés ? Qui l’avait jamais interrogé à l’issue de ces réunions ? Vivait-il une âme, de par la grande Cité, qui eût été