Page:Pourtalès - Deux Contes de fées pour les grandes personnes.djvu/33

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touchée, fortifiée, renouvelée par l’humaine et fière morale qu’il enseignait ? Ce doute, parfois, l’oppressait. Puis, d’un geste, il chassait ces faiblesses, se retrempait en de réconfortantes abstractions, et même trouvait chez son Maître de bons conseils pour son incertitude : « Tu veux, disait celui-ci, mettre en pratique la philosophie. Eh bien ! sois prêt dès aujourd’hui à supporter les railleries et les risées des hommes. Tu les entendras dire : « Voilà un philosophe qui nous est tombé du ciel ! » ou bien encore : « D’où nous vient-il, avec son air renfrogné ? » Pour toi, ne fais paraître sur ton front aucune arrogance ; mais applique-toi à suivre la ligne de conduite qui te semble la plus sage, comme si Dieu t’avait établi spécialement à cette place. » Alors, avec plus d’exaltation, il reprit son devoir.

Depuis quelques semaines, le vieillard au chapeau de soie se montrait moins assidu, se promenait d’une estrade à l’autre, semblait distrait, préoccupé. Gualtero, après de nombreuses hésitations, se décida enfin à l’aborder. C’était un bon homme qui ne demandait qu’à parler.

— Pourquoi je viens, fit-il en levant les sour-