Page:Pourtalès - Deux Contes de fées pour les grandes personnes.djvu/39

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Portugal où on lui dressa une liste des bureaux de placement pour ouvriers de toutes sortes. Il s’en alla dans les petits matins gris, patienter sur les trottoirs devant des portes où se pressait une foule d’êtres humains qu’on faisait entrer un à un, qu’on interrogeait, qu’on embauchait ou qu’on renvoyait d’un geste. Comme le pauvre homme n’entendait pas le français, il se bornait, pour exprimer sa bonne volonté, à désigner ses bras, ses jambes ou ses mains qui étaient fines, souples et comme désarticulées. Mais on hochait la tête et il s’en retournait à l’hôtel. Une détresse le gagna. Il ne se montrait même pas curieux de visiter la ville et rôdait seulement par les rues de son quartier. Au bout de quelques semaines, il ne lui resta qu’un petit louis de dix francs en poche. Alors, un soir, il retourna vers la place circulaire où il avait rencontré le nègre. Et il le revit, en effet, se dandinant devant la porte du café.

On alla chercher le patron ; il voulut voir la tresse qui le fit rire, flaira que l’homme venait de loin, le trouva laid, étrange, avantageux, et l’engagea sur l’heure. Et Gualtero se disait en