Page:Pourtalès - Deux Contes de fées pour les grandes personnes.djvu/38

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philosophe eut un haut-le-corps. Danser ! Lui ! Et il s’abîma dans un monde de pensées. Lorsqu’il releva les yeux, le nègre avait une fois encore repris son balancement.

— Quelle folie, dit le philosophe enfin, quelle folie, bien qu’il soit difficile d’affirmer : ceci est folie, ou ceci ne l’est pas. Mais danser, il est vrai, me paraît plus grande folie que bien d’autres. Cependant, bon nègre, pourquoi me proposes-tu de danser et non pas quelque autre emploi plus digne de mon caractère ?

— Oh ! reprit le noir, danser ou faire le singe, c’est tout un ; mais tu as ceci, qui est bon — et ce disant, il indiquait du doigt la natte de cheveux. Gualtero rougit sous sa peau olivâtre et la conversation tomba de nouveau.

Quand le philosophe fut rentré dans son hôtel, il considéra rêveusement sa chevelure devant son miroir et il se posa bien des fois la question : la trancherait-il ou fallait-il la garder ? Il se résolut enfin à un moyen terme, l’enroula sur le sommet de son crâne et posa son chapeau par-dessus.

Le lendemain, il se rendit à la Légation du