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Page:Pourtalès - Deux Contes de fées pour les grandes personnes.djvu/45

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son plaisir, l’encouragea ; Gualtero s’exaltait. « Tous ces prêtres, criait-il, sont des trompeurs ou des naïfs ; la vraie morale est humaine, largement humaine, humaine seulement ; elle est toute de renoncement, d’indifférence ; il faut, mes amis, que je vous enseigne cette indifférence, ce mépris qui convient aux âmes supérieures… » Dans ce moment, deux gardiens en uniforme vert surgirent derrière la foule qui s’écarta et ils appréhendèrent le philosophe, le contraignirent de descendre du haut de sa chaise et de les suivre. Ils partirent tous trois vers la Rotonde où le public les accompagna fébrilement comme s’il allait assister à quelque beau drame. Avant que la porte du bureau des gardes se fut refermée sur le prisonnier, l’apprenti-pâtissier l’apostropha : « Eh ! va donc, vieux sadique ! » et s’en alla, sifflant sur une clef. L’attroupement se dispersa. Gualtero, devant quatre hommes peu bienveillants, dut décliner ses noms, âge, profession, montrer ses papiers qui, par chance, se trouvaient être en règle. Le chef éleva la voix :

— Que faisiez-vous sur cette chaise ?