Page:Pourtalès - Deux Contes de fées pour les grandes personnes.djvu/46

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— J’enseignais la parole de mon Maître.

— Quel maître ?

— Le divin Épictète.

Le brigadier se tourna vers ses trois subordonnés et prononça gravement :

— C’est un fou.

— Le contraire d’un fou, voulez-vous dire, riposta Gualtero avec son assurance ordinaire ; je suis un sage.

L’homme continua :

— Évitons de le contrarier ; inscrivez son nom et son adresse. Nous nous informerons. En attendant, laissez-le courir ; il n’a pas l’air méchant.

La porte se rouvrit et Gualtero s’en alla. Mais le lendemain, le patron du café, le considérant d’une indéfinissable manière, lui dit : « Mon cher ami, il y a cinq ans que vous êtes chez moi ; mes clients vous connaissent trop et il faut, pour leur plaire, que je renouvelle mon personnel d’artistes. Je suis fâché d’être obligé de me priver de vos services. Vous pourrez quitter ma maison à la fin de la semaine. »