Aller au contenu

Page:Pourtalès - Deux Contes de fées pour les grandes personnes.djvu/58

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

D’autres années vinrent s’ajouter à la somme des années et d’autres dents — les dernières — lui tombèrent de la bouche.

Le philosophe vieilli continuait à sourire au destin, ce qui est une bonne chose à faire quand le destin ne vous sourit pas de lui-même. Il vivotait de son petit commerce, méditait, rêvait, et ne se plaignait que rarement de ses rhumatismes articulaires. Pourtant il caressait un projet, celui de bien des cœurs usés : revoir l’horizon familier de son enfance. Le conseil du Prince : « Retourne à Calcutta », lui revenait souvent en mémoire et il s’y attardait avec quelque complaisance. Riche maintenant de sa pauvreté reconquise, n’avait-il pas droit à cette compensation ? Il serait doux de finir sa vie là-bas, de guérir à la flamme du bon soleil son corps tordu, de retrouver un ami, un parent, d’être un utile exemple à tous les ambitieux. Surtout il y aurait une joie âpre à proclamer les