Aller au contenu

Page:Pourtalès - Deux Contes de fées pour les grandes personnes.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

bienfaits que procurent une doctrine, une discipline et une ferme volonté, savoir : une vie honnête et dépouillée, assise sur une règle immuable comme sur un socle de marbre, une conscience transparente, et enfin la mésestime des réalités vulgaires.

Gualtero se mit donc à la recherche du Prince, le retrouva dans un café, obtint sans peine la somme nécessaire à l’achat d’un billet. Il noua soigneusement tous ses documents avec des ficelles, les empaqueta dans son carton et quitta Paris un matin sans plus attarder sa pensée à tout ce qui avait été sa vie pendant plus de vingt années, tant il est vrai qu’un sage porte en lui sa patrie et ses consolations.

Il joignit un navire à Marseille, s’installa dans sa place accoutumée de l’entrepont et reprit la route parfumée de l’Orient.

Il revit Calcutta, la maison de son père et les hauts arbres tout pleins de cris. Mais son père était mort et on avait enterré son corps dans le cimetière chrétien. Sa mère était morte aussi et son cadavre avait été pieusement brûlé sur les rives du fleuve saint. Quant à ses frères, il ne s’en