Page:Pourtalès - Deux Contes de fées pour les grandes personnes.djvu/60

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enquit point puisque, jadis, ils l’avaient banni de leur cœur. Alors le philosophe-errant dépouilla ses vêtements européens, ceignit la simple dhouti et jeta sur ses épaules une tunique de calicot. Avec sa besace et sa sébille, il devint semblable à n’importe quel bickous[1], et, comme ceux-ci, pélerin de silence et d’humilité, voyagea de village en village, acceptant la pauvre pitance du pauvre peuple, enseignant quand l’occasion s’en présentait, mais, le plus souvent, voué aux lourdes solitudes de son esprit.

C’est ainsi qu’en traversant la province de Cachemire, il vit un fakir couché sur un lit de clous dressés la pointe en l’air. Gualtero s’arrêta pour le considérer et lui demanda son nom.

— Je n’ai pas de nom, dit le fakir.

Gualtero voulut savoir s’il souffrait :

— Je ne me réjouis ni ne m’afflige de rien, dit le fakir.

S’il était dans le besoin :

— Je ne désire aucune chose, dit le fakir.

  1. Moine-mendiant.