Page:Pourtalès - Deux Contes de fées pour les grandes personnes.djvu/76

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et Monsieur Paul tend sa main fine que chacun serre discrètement, après s’être essuyé les pattes au tablier ou au pantalon.

Spacieuse et bonne salle, pleine de richesses, avec ses casseroles d’or rouge, son fourneau où mijote une viande, sa pendule au ventre sonore et son pétrin luisant ! Au fond, l’escalier qui grimpe à l’étage, et là, à côté, la chambre du ménage, la chambre des parents, des grands-parents, la vieille chambre où rien ne change jamais, toute parfumée des odeurs de cuisine.

Tous, ils trinquent et boivent leur verre de vin blanc d’un seul trait. Ils se regardent et sourient et ne disent pas grand chose. C’est plus tard qu’on parle. Mais d’abord on se tait. On bourre sa pipe. On roule des cigarettes.

Suzon se retrouve, se rappelle les vieux temps, quand elle était petite fille. Et, debout, sur le seuil, elle inspecte la cour bien ordonnée avec son tas de fumier dans un coin, la charrette qui pointe ses bras maigres vers le ciel, dans un autre, la croupe blanche de la vache Philippine qu’on voit par la porte ouverte de l’étable.