l’amour de Wagner pour les bêtes, lui donna en matière de
consulation un beau perroquet. À son retour à Dresde, Minna
reçut son mari et l’oiseau magnifique avec plaisir, « car ce
perroquet était pour elle la preuve palpable que Richard
arriverait à quelque chose en ce monde ».
« Ce fut dans une surexcitation déchirante, exubérante, qui tint mon sang et mes nerfs dans un bouillonnement fiévreux, que j’esquissai et composai la musique de Tannhaeuser. » Wagner en avait trouvé le sujet dans un vieux livre populaire, dans Heine, dans « Le Fidèle Eckart » de Tieck, dans « le Tournoi des chanteurs » de E.T.A. Hoffmann, et dans les Légendes allemandes des frères Grimm. De ces récits divers, auxquels il faut adjoindre deux vieux poèmes du xiiie el du xive siècle, il composa sa grande ballade lyrique. Avec cette sûreté de coup d’œil des vrais dramaturges, il vit aussitôt le parti qu’il en pouvait tirer en fondant l’une dans l’autre la légende de la guerre des chanteurs et celle de Tannhaeuser, en lisant les histoires de Sainte Élisabeth de Hongrie à celle du chevalier maudit. Vitrail à cinq ou six images où s’opposent et se combinent le bleu de la foi, le blanc de la pureté, les rouges vifs ou sombres de la passion et des voluptés obsédantes. Dans cette suite de tableaux, Wagner a su mettre de manière presque prophétique non seulement certaines virtuosités de son art musical futur, mais aussi les courants emmêlés de ses désirs, ses tentations et sa mystique, ses accès de sensualité et sa nostalgie des choses de l’esprit. S’il a pris dans les légendes du moyen âge ou dans un poème de Heine l’idée et le décor de sa fable dramalique, tout son développement intérieur est sa propre création. Pour nous expliquer le drame même de le vie de Wagner tel qu’il se dessine maintenant, il n’est besoin que d’entendre le message de Tannhaeuser.
Ce chevalier de l’aventure est depuis sept ans le prisonnier volontaire de Vénus, et enfermé avec elle dans le montagne de ses enchantements. Mais il rêve cependant, avec le mélancolie du débauché, aux belles tristesses de la terre des hommes. Il croit entendre les cloches de son pays natal,
