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CHAPITRE VII

la coupe de socrate


Dès son retour à Leipzig au commencement de 1834, Richard cherche à faire accepter par le théâtre son nouvel opéra. Mais il se heurte cette fois à une forte opposition. Elle vient pourtant d'un brave homme, le régisseur Hauser, qui, dressé à la stricte école de Bach, reproche même à Mozart certaines de ses libertés. Comment pourrait-il goûter celles du jeune Wagner pour qui toute licence est déjà — sans qu'il se l'avoue encore — la première loi de l'esthétique ? Hauser refuse les Fées et l'auteur, irrité, mais souple, écrit pour plaider sa cause. Sans rien pressentir encore de cette carrière d'écrivain et de polémiste à laquelle l'opaque incompréhension des intendants et des directeurs va le condamner, Wagner se justifie. On lui reproche sa tendance ? Cest celle de son temps. On lui demande pourquoi il n'instrumente pas comme Haydn ? Parce qu'il est Richard Wagner. Il n'a aucune connaissance des moyens orchestraux ? Il méconnait entièrement les lois de l'harmonie ? Rien à répondre à cela : telle est toujours la position de l'accusé en face de l'accusateur. Mais pourquoi ne pas admettre qu'il possède, lui aussi, un cœur ? Qu'on l'autorise donc à soumettre son manuscrit au chef d'orchestre. Qu'on lui accorde de « tenter Dieu ».

Eh bien, non. L'occasion ne lui en sera pas encore offerte. Hauser maintient son refus. Richard se console en écoutant