il nous déclara alors, en accentuant ses paroles d’un ton de
réprimande, que cet ami incounu se nommait Jésus. Je ne fus
nullement offensé, mais fort désappointé… J’eus à ce moment
la vision de ce qu’était ma vie : il me sembla que j’étais pris
entre deux courants contraires placés l’un au-dessous de
l’autre : celui de dessus m’entraînait vers le soleil ainsi qu’en
un rêve, celui de dessous retenait mon être dans une inquiétude
inexplicable. »
Dés le lendemain, il lui fallut se rendre au tribunal pour se défendre contre ses créanciers de Magdebourg. À la mairie il s’était vieilli d’un an, afin de pouvoir se dire majeur. (Selon la loi prussienne l’homme n’atteignait sa majorité qu’à vingt quatre ans ; selon la loi saxonne, à vingt et un ans, et il était âgé de vingt-trois ans et six mois) Devant le tribunal il se rajeunit d’autant, pour rester mineur et gagner du temps. Ainsi sa vie nouvelle s’embranchait tout de suite sur de petits mensonges, après une grave erreur d’aiguillage.