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Page:Prévost - Agence matrimoniale, 1907.djvu/12

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Roméo — Ils le sont presque tous, sapristi ; j’en connais quelque chose, je passe ma vie à recevoir leurs confidences : c’est une lamentation continuelle…

Paul — Nous réfléchirons, voilà tout, et nous verrons à ce que le cœur ne soit pas seul à choisir.

Roméo — La raison peut nous servir avec avantage, c’est sûr, mais à nous rendre moins malheureux !… À bas le mariage, moi je reste célibataire, c’est un malheur mais j’y suis habitué.

L’agent — Vous payerez la taxe, alors, car on doit promulguer prochainement une loi contre le célibat… Pas de milieu, Monsieur, vous marier ou payer…

Paul — Et cette autre loi inspirée par M. Hervieux, d’exiger l’amour avant le mariage…

Roméo — En voilà une bonne, par exemple, qui joue un vilain tour au décret de la comtesse de Champagne, alléguant que l’amour ne peut étendre ses droits sur les gens mariés. On ferait mieux d’exiger de tout candidat au mariage une assurance sur la vie, de telle sorte qu’il n’y ait que les sujets sains qui se marient… si l’on veut améliorer la race humaine.

L’agent — Encouragez mon industrie en attendant, ça ne fait dommage à aucun sexe…

Paul — Oui, oui, tenez… (Il donne de l’argent.)

Roméo — C’est cela, flattez-nous dans une bonne petite annonce. (Il donne de l’argent.)

L’agent — Bien, très bien, dans le numéro de samedi…

(Paul et Roméo se prenant par-dessous le bras et partant.)

Paul (sérieux) — La chose est sérieuse.

Roméo (riant) — Ah !… oui… quelle bonne blague…

(Ils sortent).