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Page:Prévost - Agence matrimoniale, 1907.djvu/13

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Scène VI

L’agent Marcus

L’agent — C’est étonnant comme les avis sont partagés. Parlez à cent hommes du mariage, vous avez cent opinions différentes. Eh ! bien, moi je présente le phénomène le plus recherché, parce que je suis toujours de l’avis de tout le monde ; la preuve c’est que je suis au besoin de l’avis de M. Hervieux qui dit que l’amour est encore la meilleure garantie du bonheur…

(Le Philosophe qui est entré a entendu ces dernières paroles.)

Scène VII

Marcus — Le Philosophe

Le Philosophe — Ah ! si l’amour était perpétuel, oui, mais, mon vieux, pour ce qu’il dure !

L’agent — Ah ! te voilà, vieux célibataire, vieux jongleur de paradoxes, le tant pis de tous les tant mieux. Tu as de la chance d’être mon ami et un aussi brave homme, sans ça je te ferais passer par la fenêtre. Avec tes balivernes, tu ruinerais mon entreprise.

Le Philosophe — Ta, ta, ta, ne coupe pas le fil… Tu disais, quand je suis entré, que l’amour est la meilleure garantie du bonheur…

L’agent (l’interrompant) — Pardon, ce n’est pas moi, c’est…

Le Philosophe — J’en conviendrais s’il était perpétuel, mais il dure si peu qu’il ne compte pas dans le mariage. On peut obtenir d’un célibataire curieux ou ennuyé qu’il se marie ; il n’a pas besoin d’un talent particulier pour ça ; mais lui imposer l’amour durable ? (fendant l’air de sa main) Psitt !