Page:Prévost - Agence matrimoniale, 1907.djvu/8

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femme m’apporte au moins la fidélité ; il y en a assez qui se marient pour les autres.

L’agent (ajoutant) — Bien, Monsieur… lisant en écrivant, femme de principes…

Le jeune homme — Merci, monsieur l’agent, ça paraîtra dans le prochain numéro ?

L’agent — Oui, dans le numéro de samedi, en première page, avec votre portrait de profil…

Le jeune homme (sortant de l’argent) — C’est ?…

L’agent — Portrait et 5 lignes… 15 piastres…

Le jeune homme (répétant) — 15 piastres !… j’espère en avoir pour mon argent… Bonjour, monsieur. (Il sort.)

L’agent — Au revoir, au revoir… (il tire un tiroir et y dépose l’argent.) (On frappe.) Entrez !…


Scène III

L’agent, — une fille du demi-monde

L’agent — Entrez, mademoiselle, entrez (il offre une chaise mais elle ne s’assied pas).

Jeune fille (en se tortillant, déposant de l’argent sur la table) — Annoncez que je veux me marier, que je suis jolie, 20 ans, avec toutes les qualités du cœur, du corps et de l’esprit… sans position et sans argent, mais capable au besoin de tout faire pour aider l’homme de mon choix… Il faut que ce soit un bel homme… je ne tiens pas absolument qu’il soit sobre, mais il devra me conduire au bal, au concert, au bazar, aux courses, à la crosse et au théâtre, au moins une fois toutes les semaines… Je serai gentille et aimante à mes heures, pourvu qu’il soit galant et qu’il paye mes toilettes. — Je sais bien que l’homme préfère toutes les autres femmes à la sienne, quand la sienne ne sait pas se l’at-