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tacher ; alors sa générosité se manifeste au dehors. Moi, je me charge, à moi seule, de lui procurer tous les plaisirs et toutes les satisfactions d’amour-propre et autres qu’il pourra rechercher, mais je veux, par compensation, qu’il laisse ses dollars à la maison.

(Paul est entré pendant ces quelques phrases et
  se tient en arrière, écoutant sans être vu.)

L’agent — Bien, très bien, mademoiselle… Mettrai-je ce que vous faites ?

La jeune fille — Rien !… (se ravisant) Je fais peut-être une bêtise (elle se mire dans un miroir pendu au mur). M’est avis que les charmes valent bien une dot.

L’agent — En effet, mademoiselle, et vous valez bien toute une fortune (il l’examine avec convoitise).

La jeune fille — Vieux renard !… va !… (en se tortillant) c’est dit, n’est-ce pas ? que votre annonce soit alléchante… Au revoir, monsieur l’agent (elle sort en se trémoussant. L’agent la reconduit).


Scène IV

L’agent, — Paul

L’agent (apercevant Paul) — Vous étiez là, vous ?… avez-vous vu le bel oiseau qui vient de sortir ?

Paul (avec indifférence) — Oui, un beau plumage… un oiseau de nuit…

L’agent — Elle est belle… un peu exigeante, mais bien disposée à rendre son homme heureux.

Paul — Oui, pourvu qu’il soit aveugle et bonhomme.

L’agent — Vous êtes prévenu, monsieur !…

Paul — Oui, monsieur, je suis prévenu contre ces femmes qui font leur éducation dans la rue…

L’agent — Il y en a pourtant de belles, de riches même, qui font envie à plus d’un homme.