Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/113

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était chez lui, il me dit que s’il n’y avait rien de plus caché dans ses aventures que ce qu’il en connaissait, l’inconnu qui l’était venu prendre ne pouvait être qu’un messager de Condoidi ou du Sélictar. L’alternative me parut aussi certaine qu’à lui. Mais je la trouvai également chagrinante, et sans chercher les raisons qui me causaient un trouble si pressant, j’ordonnai au maître de langues d’aller successivement chez le Sélictar et chez Condoidi. Je ne lui donnai point d’autre commission chez le premier, que de prendre des informations à la porte sur les personnes qu’on y avait vues depuis neuf heures. À l’égard de l’autre, je le chargeai formellement de savoir de lui-même si c’était lui qui avait envoyé chercher sa fille.

J’attendis son retour avec une impatience qui ne peut être exprimée. Il rapporta si peu de fruit de son voyage, que dans la fureur où me jeta ce redoublement d’obscurité, mes soupçons se tournèrent sur lui-même.

« Si j’osais m’arrêter, lui dis-je avec un regard terrible aux défiances qui m’entrent dans l’esprit, je vous ferais traiter sur-le-champ d’une façon si cruelle, que j’arracherais de vous la vérité ! »

Il fut effrayé de mes menaces, et se jetant à mes pieds, il me promit l’aveu de ce qu’il ne s’était engagé à faire, me dit-il, qu’avec la dernière répugnance et sans autre motif de compassion. Je brûlais de l’entendre. Il m’apprit que la veille, peu de moments après