Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/139

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Les deux mots qu’il lui avait dit secrètement sur le port étaient une prière de me cacher cette convention. Et quoiqu’il parût, par le soin qu’il avait pris de s’autoriser de son contentement, qu’il lui restait assez de probité pour ne pas se rendre coupable d’un vol, elle ne doutait point qu’il n’eût quelque part à la visite et aux propositions du Sélictar. Enfin, toutes sortes de raisons devaient lui faire accepter l’offre que je lui avais faite de ma campagne, et si j’avais assez de bonté pour satisfaire son impatience, je ne remettrais pas ce voyage au lendemain.

J’étais si charmé de l’entendre, et si résolu de ne pas différer un moment ce que je désirais beaucoup plus qu’elle, que sans prendre le temps de lui répondre, je renouvelai mes offres pour hâter le retour de ma chaise. Elle était venue pendant que je m’entretenais avec le Sélictar, et j’avais chargé mon valet de chambre de la renvoyer. La difficulté n’était point de cacher la retraite de Théophé au maître de langues ; mais toute ma joie ne pouvant écarter l’idée du Sélictar, j’avais quelque inquiétude sur la manière dont il prendrait cette aventure. Autant que mes scrupules pouvaient s’éclaircir en un moment, je me croyais fort à couvert de ses reproches. La déclaration que je lui avais faite de mes sentiments était sincère alors. Je ne lui avais pas répondu qu’ils ne pussent point changer, et ne lui ayant pas même ôté le pouvoir de gagner Théophé par