Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/145

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sans expérience, et si l’on me permet une autre réflexion, ce n’était non plus d’une femme sur qui j’avais acquis tant de droits, et qui s’était livrée d’ailleurs à moi si volontairement, que je devais attendre des excès de réserve et de bienséance. Aussi tout ce que j’avais senti jusqu’alors de plus vif et de plus passionné pour elle ne passait-il à mes propres yeux que pour le transport d’un libertinage éclairé, qui me la faisait préférer à toute autre femme, parce qu’avec une figure si piquante elle semblait me promettre beaucoup plus de plaisir.

Cependant, à peine eut-elle remarqué que mon valet de chambre commençait à me déshabiller, que repoussant son esclave qui s’agitait pour lui rendre le même service, elle demeura quelques moments rêveuse et comme incertaine, sans lever les yeux sur moi. Je n’attribuai d’abord ce changement de contenance qu’à l’obscurité de la nuit, qui d’un bout de la chambre à l’autre pouvait me faire trouver quelque altération sur son visage. Mais, continuant de la voir immobile, et Bema oisive auprès d’elle, je hasardai, avec inquiétude, quelques expressions badines sur la crainte que j’avais de m’ennuyer beaucoup à l’attendre. Ce langage qui lui devenait plus clair apparemment par les circonstances, acheva tout à fait de la déconcerter. Elle quitta le miroir devant lequel elle était encore, et, se jetant languissamment sur un sopha, elle s’y tint penchée, le front ap-