Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/150

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donnai sans affectation de lui rendre ses services ; et, me retirant avec la même apparence de calme, je me fis conduire dans un autre appartement, où je ne tardai pas un instant à me mettre au lit. Il me restait un fond d’agitation que tous les efforts que j’avais faits pour me vaincre n’avaient pu calmer entièrement ; mais je me flattai que le repos du sommeil achèverait bientôt de rétablir la paix dans mon esprit et dans mon cœur.

Cependant, à peine l’obscurité et le silence de la nuit eurent-ils commencé à recueillir mes sens, que toutes les circonstances qui venaient de se passer à mes yeux se représentèrent presque aussi vivement à mon imagination. Comme je n’avais pas perdu un mot de tous les discours de Théophé, le premier sentiment que j’éprouvai en les retrouvant dans ma mémoire, fut sans doute un mouvement de dépit et de confusion. Il me fut aisé de démêler que la facilité avec laquelle j’avais pris le parti de la laisser tranquille, et tout le désintéressement que j’avais marqué en la quittant étaient venus de la même cause. Je me confirmai pendant quelques moments dans cette disposition, par les reproches que je me fis de ma faiblesse. Ne devais-je pas rougir de m’être livré si imprudemment depuis quelques jours, à l’inclination que je m’étais sentie pour une fille de cette sorte, et le goût que j’avais pour elle aurait-il dû m’intéresser